Expédition en traîneau à chiens
Chien de tête d'un équipage de traîneau
À la fin de la dernière période glaciaire (15 000 ans avant aujourd’hui), le loup (Canis lupus) était le prédateur social dominant à travers l’hémisphère nord. La structure sociale complexe de l’animal en permet la domestication de même que le croisement avec d’autres canidés comme le coyote.
Les recherches génétiques ont d’ailleurs démontrées que le chien domestiqué n’aurait pas de lien direct avec le loup, mais qu’il résulterait plutôt de plusieurs paliers de domestication et de croisements.
La domestication est le résultat d’une étroite relation entre l’animal et l’humain. En échange de protection, de nourriture et de soins, l’animal fournit puissance motrice, protection réciproque et camaraderie. Dans le cas du chien, l’humain reçoit aussi l’assistance au niveau de la chasse et de la récupération de proies.
Suite à l’époque glaciaire, les conditions climatiques difficiles ont permis chez le loup le développement de caractéristiques essentielles à sa survie, où une structure sociale adaptée permettait la chasse synchronisée de gros gibier et la protection des petits.
Certaines hypothèses suggèrent que les humains aient récolté les chiots pour la domestication, d’autres croient que le loup aurait entamé une pré-domestication en s’établissant près des humains pour en recueillir les rebuts alimentaires. Éventuellement, le canidé aurait suivi l’humain lors de la chasse et contribué au succès des expéditions.
Dans les régions nordiques, l’humain aurait élevé le chien maintenant domestiqué pour ses qualités physiologiques relatives à la puissance motrice. Chez les Dorsétiens (2 500 à 600 ans AA), un chien à la mâchoire moins élancée et large, de même qu’une compression de la colonne vertébrale était privilégié pour sa force, quoiqu’il aurait été aussi utilisé pour la chasse, la protection et le transport de matériel à même l’animal.
L'apparition du traîneau laisse entendre que la disponibilité d'armes à feu a contribué à la transformation du rôle du chien. D'un animal de chasse, il devient animal de trait. Aussi, les chasses plus abondantes permettent l'entretien d'un plus grand nombre de chiens, ce qui augmente considérablement le potentiel de motricité. Selon les ressources disponibles, l'équipage moyen peut passer de trois à dix chiens et même aller jusqu'à 15 animaux.
Pendant longtemps, le Qimmiit (chien Inuit / Canis familiaris borealis) a joué un rôle important dans la vie traditionnelle du Nunavik. L'animal, typiquement à la base des transports hivernaux et estivaux, fut tout aussi utile pour la chasse ou la garde. Aujourd'hui, la motoneige a supplanté le traîneau à chiens comme moyen de transport, mais de nombreux Nunavimmiut entretiennent des équipages, préservant ainsi la précieuse tradition du Qimmiit, partenaire de l'homme qui s'est démontré dans l'histoire essentiel à sa survie.
Qimmiit pendant la mue estivale se nourissant d'un poisson entier congelé
Parmi les caractéristiques importantes du Qimmiit, on dénote un pelage composé d'une première couche épaisse de fourrure isolante couverte d'une seconde couche de poils plus longs. Ce pelage joue de multiples rôles puisqu'en plus de protéger l'animal des éléments comme l'humidité et le froid, la fourrure plus abondante autour de son cou et de sa tête limitent les blessures infligées lors de combats. Ce pelage donne aussi au Qimmiit une apparence plus imposante lors de la période de reproduction.
Chien de tête d'un équipage et ses partenaires
Ce qui distingue le comportement du Qimmiit de celui d'autres espèces de chiens domestiques est attribué en grande partie à l'environnement arctique et le rôle qu'il doit jouer au sein de la société. Par exemple, le désir de tirer est constaté chez les chiots à partir de l'âge de quatre mois. Lors de l'élevage, la socialisation du chiot est aussi fondamentale puisqu'elle a comme résultat de créer un animal plus réactif à l'homme et moins susceptible d'être agressif.
Qimmiit prêt à attraper un quartier de caribou
La taille de l'animal joue d'ailleurs un rôle fondamental dans l'exercice de ses fonctions. Par exemple, un chien plus gros requiert trop de ressources compte tenu de son rendement. Il doit du même coup être d'une taille suffisante pour ses fonctions d'animal de trait. Il fut constaté que le Qimmiit, carnivore, arrive par temps de disette à survivre avec une diète réduite pendant de longues périodes sans que son état de santé générale en souffre trop.
Pose d'un harnais
Groupe d'Inuit avec un traîneau à chiens, 1920
Anonyme, Collection du Musée McCord MP-1984.126.156
Équipage de chiens relié à l'aide d'un attelage linéaire
Jeune Inuk entraînant des chiots, Nov. 1927, Port Burwell
Collection de l'expédition du détroit d'Hudson, Bibliothèque et archives Canada
PA-05549
Chienne Qimmiit protégeant ses petits
Préparation des harnais, 1947-1948, Port Harrison
Collection Richard Harrington, Bibliothèque et archives Canada, PA-146876
Pose d'un attelage linéaire