Épilobe à feuilles étroites en fleur
Linaigrette à feuilles étroites
Durant la période estivale, la flore du Nunavik révèle sa richesse et sa beauté. Sa fragilité apparente est toutefois trompeuse puisque chaque espèce a su s'adapter de façon unique aux contrastes et rigueurs climatiques imposés par l'environnement. Voici quelques caractéristiques de la flore du Nunavik.
Tout comme ailleurs dans l'Arctique, la flore du Nunavik est sujette à des conditions extrêmes auxquelles elle doit s'adapter, la plus évidente étant le froid. En plus des rigueurs de l'hiver, les gels estivaux représentent un défi de taille puisqu'ils surviennent pendant la période de croissance.
Camarine poussant près des restes d'une mâchoire
Pour contrer un été bref et accélérer la reprise de la croissance végétale, nombre de plantes du Nunavik sont munies d'un feuillage bas qui, dès la fonte printanière, profite de la chaleur dégagée par un sol réchauffé des rayons du soleil.
Une autre adaptation consiste en la formation de feuilles persistantes à la fin de l'été. Ces feuilles survivent l'hiver et sont prêtes, dès les premières chaleurs printanières, à réamorcer la photosynthèse. Elles tomberont dès l'arrivée de nouvelles feuilles.
Les vents de l'Arctique ont un impact considérable sur la flore et son adaptation. L'hiver, le vent cause l'abrasion par la neige et la dessiccation. Certaines plantes créent une zone protectrice de branches qui prend la forme d’un coussin regroupant les feuilles près du sol. L'air piégé par cette zone peut être jusqu'à 15°C plus élevé que l'air ambiant. Les feuilles mortes jouent aussi le double rôle de protéger le sommet du plant des intempéries et de nourrir le sol souvent pauvre. Il est d'ailleurs étonnant de trouver des plantes luxuriantes pousser près de sites de nidification d'oiseaux ou encore de carcasses animales, prenant avantage de toute source additionnelle d'éléments nutritifs.
Une bonne partie de la flore du Nunavik est composée de vivaces, c'est-à-dire de plantes qui survivent quelques années et fleurissent à chaque été. Les vivaces possèdent un réseau ample et bien ancré de racines ou de rhizomes, ces tiges souterraines horizontales permettant à une plante de se propager. En liant le sol à l'aide de ses racines, la plante minimise l'effet dévastateur du soulèvement des sols humides, provoqué par l'expansion du gel. Ce sol stabilisé deviendra un environnement sécuritaire tant pour elle que d'autres espèces végétales.
En guise d'adaptation à une brève période de croissance, plusieurs plantes du Nunavik créent les boutons de fleurs à la fin de l'été, prêtes à éclore dès les premières chaleurs du printemps. Ces fleurs attireront les insectes pour la pollinisation.
Fleurs d'épilobe à feuilles étroites
Certaines fleurs, en forme de coupole, offrent aux insectes un refuge en plus du pollen et du nectar. Leur forme parabolique agit comme réflecteur thermique et lumineux pour concentrer les rayons solaires à son foyer. Il n'est pas rare de voir un insecte par une journée ensoleillée se faire dorer à l'intérieur d'une fleur bien après qu'il se soit nourri. Certaines de ces fleurs suivent d’ailleurs l'orientation du soleil pour maximiser l'effet.
Saxifrage en fleur
La pollinisation entame le processus de création de graines, qui seront emportées en partie par les vents de l'Arctique. Certaines plantes ne nécessitent qu'une brise pour leur dissémination, tandis que d'autres profiteront des vents violents de l'Arctique pour étendre leur territoire. Ces graines vont aboutir plus souvent qu'autrement avec poussière et autres éléments végétaux dans des amoncellements enneigés qui assureront dès la fonte une humidité abondante propice aux semis. D'autres graines seront répandues par les mammifères et oiseaux qui se nourrissent de baies ou de graines sèches.
Les plantes du Nunavik ne se reproduisent pas toutes par la production de graines. Certaines se répandent par rhizomes (tiges souterraines prenant racine à intervalles réguliers), par stolons (tiges rampant le sol pour s'enraciner à leurs extrémités) et bulbilles (bulbes remplaçant les fleurs en tout ou en partie).
Quoique très variés en apparence, les mousses et les lichens se distinguent des autres plantes par l'absence de racines. Un réseau de délicats filaments, appelés rhizines chez les lichens et rhizoïdes chez les mousses, assurent l'ancrage au sol. Les lichens produisent des acides qui burinent le roc, leur assurant une prise optimale.
Alectorie noirâtre (cheveux de sorcière) et lichen des caribous
Très résistants à la sécheresse, mousses et lichens absorbent l'eau lorsque disponible, et se flétrissent dans un état de dormance lorsqu'elle ne l'est pas. Certains lichens peuvent réactiver leur métabolisme en aussi peu que cinq minutes après la réhydratation.
La ressemblance entre mousses et lichens se limite cependant à ces caractéristiques. Les mousses sont des plantes vertes primitives qui utilisent la photosynthèse pour se nourrir, tandis que les lichens sont la rencontre entre champignons et quelques cellules d'une algue verte ou d'une bactérie. Ces cellules nourrissent le champignon par la photosynthèse qui en échange offre un environnement humide et riche en précieux minéraux.